Quand la recherche nourrit les politiques éducatives: retour sur l’école d’été du PASEC

Du 25 août au 5 septembre 2025, la ville de Dakar, au Sénégal, a accueilli la 1ʳᵉ École d’été internationale en éducation du PASEC. Durant deux semaines, une trentaine de jeunes chercheuses et chercheurs venus d’Afrique, d’Amérique et d’Europe se sont plongés dans l’analyse des données du PASEC. Leur défi : transformer ces données en connaissances scientifiques utiles aux systèmes éducatifs. Retour d’expériences. 

Une approche multidisciplinaire et collaborative

L’accompagnement proposé par l’École d’été ne se limite pas aux analyses statistiques. Le Pr. Erick Falardeau, expert formateur et coach de l’Université Laval (Canada), souligne combien cette initiative aide les jeunes chercheurs à « aller au-delà des chiffres », en croisant les analyses quantitatives avec des regards didactiques, sociologiques ou pédagogiques. Ce travail d’équipe développe leur autonomie et ouvre la voie à des publications sur des enjeux majeurs tels que le soutien familial, l’éducation en milieu rural ou le rôle des langues premières dans les apprentissages.

Cette dimension collaborative a aussi marqué les participants. Pour Solohanitra, originaire de Madagascar, le principal défi avant l’école d’été était l’exploitation de bases de données complexes, mais grâce aux coachs et à la diversité des profils, chacun a pu apprendre de l’autre. Xavier Serra, doctorant à l’Université Laval (Canada), y voit une occasion de dépasser les préjugés et de mieux comprendre la réalité africaine : « Ces échanges à Dakar ont ouvert la voie à de futures collaborations et renforcent notre compréhension de la structure de la recherche en Afrique. »

De l’initiation à la production scientifique

Les ateliers pratiques en analyse statistique ont permis aux jeunes chercheurs de se confronter directement aux données. Comme l’explique Seydou Garba, expert statisticien et conseiller technique au PASEC, les participants ont appris à identifier les variables, à modéliser leurs problématiques et à tester leurs hypothèses par des analyses rigoureuses. Ces compétences, une fois appropriées, seront essentielles pour leur production scientifique et contribueront à renforcer l’expertise locale et faciliter la rédaction de rapports nationaux appuyés sur les données PASEC.

Pour Emmanuel Ouoba, participant burkinabé déjà familier des données PASEC 2014, cette école a représenté une étape décisive : « Grâce à l’accompagnement méthodologique et statistique, nous avons pu approfondir notre compréhension et affiner notre recherche sur l’impact de l’accompagnement familial dans les apprentissages en lecture. »

Un héritage scientifique et humain

Au-delà des acquis techniques, l’école d’été a été marquée par une expérience humaine inoubliable. Prenant la parole au nom des participants à la clôture des travaux, Aminata Siahoue a résumé ce sentiment collectif : « Ces journées nous ont offert bien plus qu’un apprentissage : elles ont été un espace de rencontre, de réflexion et de construction collective. Nous repartons avec des connaissances, des outils méthodologiques solides, mais aussi des liens humains et professionnels précieux. »

L’aventure ne s’arrête pas à Dakar. Chaque équipe s’est engagée à transformer son poster en article scientifique destiné à une revue spécialisée. Cette continuité garantit que les apprentissages de l’École d’été dépasseront largement son cadre initial et viendront alimenter le débat scientifique et les politiques éducatives dans l’espace francophone.

En reliant rigueur scientifique, coopération internationale et ancrage dans les réalités africaines, l’École d’été du PASEC 2025 constitue un jalon majeur : elle forme une nouvelle génération de chercheurs capables de donner sens aux données pour éclairer l’avenir de l’éducation.